Le centre
Aux échecs, le centre peut avoir plusieurs significations. On ne parlera bien sûr pas ici du centre de loisirs où vous pouvez apprendre à jouer, mais bien du centre de l'échiquier ! (Si vous débutez, sachez qu'il s'agit du tout premier terme à découvrir...)
Le centre, qu'est-ce que c'est ?
Il existe plusieurs façons de considérer le centre. En général, il désigne les quatre cases les plus centrales de l'échiquier : d4, d5, e4 et e5. Mais les douze cases qui les entourent peuvent faire partie de sa définition élargie.
L'intégralité des colonnes centrales (d et e) est également parfois appelée "le centre". En effet, on considère les pions d et e comme des "pions centraux", et ce même lorsqu'il ne sont pas sur les quatre cases centrales. On parle également de "laisser son roi au centre", et pourtant le roi monte rarement au filet dans l'ouverture (a moins que vous ne soyez en train de jouer une partie de roi de la colline !) En effet, le roi débutant la partie sur la colonne centrale e, il y est généralement peu en sécurité tant qu'il n'a pas effectué le roque.
Quelle est son importance ?
Celui qui contrôle le centre a souvent (mais pas toujours) l'avantage. En effet, toutes les pièces à part les tours contrôlent plus de cases lorsqu'elles sont centralisées. Ainsi, elles exercent une plus forte influence sur la position.
Pièce | Nombre de cases contrôlées depuis d4/e4/d5/e5 | Nombre de cases contrôlées depuis a1/h1/a8/h8 |
Cavalier | 8 | 2 |
Fou | 13 | 7 |
Tour | 14 | 14 |
Dame | 27 | 21 |
Roi | 8 | 3 |
Le cavalier est la pièce la plus sensible aux bienfaits de la centralisation. Le fou peut être utile sur une seule diagonale, par exemple lorsqu'il est mis en fianchetto. La dame, qui combine les forces de la tour et du fou, n'est pas trop limitée par une position excentrée. L'influence du cavalier, en revanche, se réduit de moitié lorsqu'il est au bord, et de 75% lorsqu'il se retrouve "au coin". En conclusion, mettre le cavalier dans le coin si l'on n'a pas prévu de l'en extraire très rapidement n'est jamais recommandé, à moins que cette manœuvre ne permette de gagner tactiquement.
La plupart des ouvertures consistent à engager un combat pour le contrôle du centre, sous différentes formes :
- Les deux premiers coups les plus joués sont 1.e4 et 1.d4, qui permettent immédiatement de contrôler une case centrale (d5 ou e5). La réponse symétrique des noirs (1...e5 ou 1...e5) accomplit la même tâche.
- Les ouvertures dites hypermodernes telle que la nimzo-indienne (1.d4 Cf6 2.c4 e6 3.Cc3 Fb4) voient un camp tenter de contrôler le centre à distance avec des pièces plutôt que des pions. Dans la nimzo, justement, les noirs clouent le cavalier c3 pour améliorer leur contrôle de la case e4.
- Dans la défense sicilienne (1.e4 c5), l'idée principale des noirs consiste à échanger leur pion c contre le pion central d de l'adversaire (par exemple après 2.Cf3 d6 3.d4 cxd4). L'idée de la variante Alapine (2.c3) est par conséquent de ne pas laisser les noirs accomplir ce plan.
Testez vos connaissances
Exercice 1 : Quel fou contrôle le plus de cases importantes ?
Réponse : Le fou g7 contrôle deux cases centrales : d4 et e5. Le fou blanc ne contrôle aucune de ces quatre cases.
Exercice 2: Après l'inhabituelle ouverture 1.Cc3 h5, quel camp contrôle le mieux le centre ?
Réponse : Le coup 1.Cc3 permet de rapprocher le cavalier du centre. Il contrôle désormais les cases e4 et d5. Le coup de pion 1...h5, en revanche, ne permet pas de contrôler la moindre case centrale.
Conclusion
Maintenant que vous savez ce qu'est le centre et que vous avez compris toute son importance, passez à l'étape suivante (en anglais), avec cette leçon du GMI Dejan Bojkov : "Jouez au centre" !