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L'Inde seule en tête, la France en remontada !
Le jeune prodige argentin Faustino Oro (10 ans) a joué le premier coup de la partie du champion du monde Ding Liren. Photo: Maria Emelianova/Chess.com.

L'Inde seule en tête, la France en remontada !

Colin_McGourty
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A mi-parcours, l'inde d'Arjun Erigaisi pourra profiter de la journée de repos de cette 45ème Olympiade d'échecs en tant que seul leader. Encore une fois, le serial-scorer Arjun marquait le point, cette fois face à Sanan Sjugirov. Son équipe bat donc la Hongrie 3-1. La Chine lâchait le wagon de tête en faisant match nul face au Vietnam, Le Quang Liem battant le champion du monde Ding Liren au finish pour égaliser. Les numéros un et deux mondiaux Magnus Carlsen et Fabiano Caruana ne parvenaient pas à s'imposer, au grand dam de leurs équipes. L'Iran prenait le dessus sur la Norvège tandis que les USA ne pouvait faire mieux qu'un match nul contre la Roumanie.

Côté français, la remontada est en cours ! Une victoire pleine d'autorité face à l'Islande permet aux Bleus de se replacer en sixième position, à une encablure des leaders. Si MVL ne trouvait pas la solution face à Stefansson, derrière, c'était le festival : Marc'Andria ouvrait une colonne avec malice pour mettre en danger le roi blanc. Son adversaire acceptait le don d'un pion, mais le regrettait une dizaine de coups plus tard. Dans la foulée, Maxime Lagarde dominait Gretarsson au 4ème échiquier et venait apporter la victoire aux bleus avant la limite. Mais Etienne Bacrot, opiniâtre, poussait encore jusqu'à l'extrême une finale berlinoise aux allures égalisante. Sous la pression, son adversaire finissait par craquer, et Baki offrait une superbe victoire 3,5 à 0,5 à la France. Prochain obstacle sur la route des bleus : la toujours redoutable équipe de Géorgie.

L'Inde est désormais la seule équipe à 5/5 chez les femmes également. Cette fois, c'est Divya Deshmukh qui marquait le but de la victoire face à l'Arménie (victoire 2,5 à 1,5). Dans la groupe de poursuivants, on retrouve la Géorgie et la Pologne. La quatrième échiquier géorgienne Salome Melia retournait une position perdante face à la Mongolie, qui quitte le groupe du tête suite à cette défaite 2,5-1,5. Côté polonais, c'est la MI Oliwia Kiolbasa qui s'imposait au troisième échiquier pour vaincre la Chine, qui subit son deuxième revers de rang.

Et pour les françaises ? Soleil radieux ! Une large victoire 3,5-0,5 face à l'équipe B de Hongrie permet aux joueuses de Silvia Alexieva de revenir dans le top 10. Deimante Cornette, Pauline Guichard et Mitra Hejazipour s'imposaient avec brio, tandis que Sophie Milliet tenait facilement la nulle avec les noirs. Prochaines adversaires : les espagnoles !

La septième ronde se jouera mercredi 18 septembre à 15 heures.


Mixte : Arjun sur sa lancée, Ding en détresse

La Chine devait se contenter du match nul face au Vietnam, tandis que l'Inde reste sur un score parfait.

Résultats complets ici.

Pour la première fois, une équipe est seule en tête. L'affrontement Inde-Chine à la ronde sept offrira une chance à l'armada rouge de reprendre le contrôle des opérations. Mais surtout, il nous proposera un avant-goût du futur match pour le titre mondial entre Ding et Gukesh Dommaraju !

Il y avait encore 4 équipes avec un score parfait au début de la ronde. Mais aucune ne semblait aussi en confiance que l'Inde, véritable rouleau compresseur de cette compétition.

On pourrait presque croire que Magnus Carlsen s'est déguisé en joueur indien ! Photo : Maria Emelianova/Chess.com.

Face à l'hôte hongrois, seul Rameshbabu Praggnanandhaa semblait un instant sous pression, mais il tenait la nulle face à Peter LekoRichard Rapport, en forme olympique, stoppait la série de victoires de Gukesh, mais sans obtenir de réelles chances de victoires.

Sur les échiquiers du bas, Arjun continuait sa domination en remportant sa sixième victoire de rang. Pointé à 2791,3 Elo, il pourrait franchir la barrière mythique des 2800 dans ce tournoi !

Contre Sjugirov, il proposait un sacrifice de pion dans l'ouverture et obtenait un large avantage à la pendule. Sa précision chirurgicale dans le milieu de jeu et la finale était trop difficile à endiguer. C'est notre partie du jour, et la voici à ce titre analysée par le GMI Rafael Leitao qui écrit : 

Dans l'excellent livre "L'épreuve du temps" de Kasparov, un chapitre m'a captivé : Il y analyse trois finales égales qu'il a pourtant remportées, et ce dans le même tournoi ! Ses adversaires étaient des GMI de renom : LarsenSeirawan et Petrossian. Cette partie m'a rappelé ce chapitre formidable racontant l'histoire d'un jeune joueur qui file vers le titre suprême et mettant en lumière l'importance de l'aspect technique du jeu.

Cerise sur le gâteau, la victoire toute aussi convaincante de Vidit Gujrathi, désormais à 5/6, et qui aurait même pu être à 5,5/6 s'il avait trouvé le chemin de la victoire face à Shakhriyar Mamedyarov la veille.

On comprend sa fierté :

Côté chinois, en revanche, les deux rondes précédentes avaient été gagnées "ric-rac" avec trois nulles et une victoire. L'histoire semblait se répéter lorsque Wang Yue (premier joueur chinois à franchir les 2700 Elo en 2008 et à entrer dans le top 10 mondial en 2010) dominait son adversaire au 4ème échiquier. Le voici à 4/4.

Wang Yue est un peu le héros oublié des échecs chinois, mais il semble n'avoir rien perdu de sa superbe. Photo : Michal Walusza/FIDE.

Il suffisait alors que Ding fasse nulle pour voir la Chine s'imposer à nouveau… Mais une fois de plus, le champion du monde chutait ! 

Difficile de vraiment parler de surprise, le numéro un vietnamien étant actuellement mieux classé que le champion du monde. Pourtant, on imagine mal le Ding de 2018 perdre cette finale de tours avec un pion de moins…

La lente descente aux enfers continue pour Ding Liren. Photo : Michal Walusza/FIDE.

Le chinois glissait dans une position annoncée perdante par les tablebases. Son adversaire lui laissait bien une dernière chance d'annuler, mais il ne parvenait pas à la saisir.

Une des plus belles victoires de la carrière de Le Quang, d'après l'intéressé. Il expliquait également profiter de l'Olympiade pour recruter de nouveaux étudiants dans l'équipe d'échecs de l'université Webster (Saint-Louis).

Le surprenant Vietnam et la Chine sont donc seconds ex-aequo, à un point de l'Inde. Ils sont rejoints à 11/12 par l'équipe d'Iran, qui venait à bout de la Norvège. Le GMI Pouya Idani profitait d'une erreur de Frode Urkedal pour marquer un point précieux. Pour sauver le match nul, le numéro un mondial Magnus Carlsen devait alors absolument battre le puissant Parham Maghsoodloo.

Parham Maghsoodloo en compagnie d'Alexander Grischuk, capitaine de l'équipe d'Iran. Photo : Michal Walusza/FIDE.

Dans une Caro-Kann, le norvégien obtenait un bel avantage d'espace. Mais grâce à un contre-jeu très dynamique, Parham égalisait avec brio. Magnus poussait jusqu'au 87ème coup, mais sans succès.

Le numéro deux mondial Fabiano Caruana était l'un des derniers à terminer sa partie. Dans une salle presque déserte, il tentait de battre le super-GMI Bogdan-Daniel Deac pour offrir la victoire à ses coéquipiers, jusque-là auteurs de trois nulles face à la Roumanie. Las, il ne parvenait pas à conserver son score parfait face à la résistance de son adversaire. Au 125ème coup, l'italo-américain finissait par signer le traité de paix.

Bogdan-Daniel Deac a défendu sans trembler une finale tour contre tour+cavalier face à Fabiano Caruana. Photo : Michal Walusza/FIDE.

Nouveau revers pour les têtes de série numéro un, qui ne pourront donc pas marquer plus de 19 points dans cette Olympiade. Statistiquement, cela signifie qu'il leur faudra gagner les cinq derniers matchs pour continuer à rêver de médaille d'or.

Petit rappel historique avec les scores des vainqueurs aux Olympiades depuis que le tournoi est passé sur 11 rondes :

Edition Score du vainqueur Equipes
2022 19 Ouzbékistan 1ers, Arménie 2èmes
2018 18 Chine 1ers, Etats-Unis 2èmes, Russie 3èmes
2016 20 Etats-Unis 1ers, Ukraine 2èmes
2014 19 Chine
2012 19 Arménie 1ers, Russie 2èmes
2010 19 Ukraine 1ers, Russie 2èmes
2008 19 Arménie

A chaque match, les enjeux deviennent de plus en plus importants, et chaque faux-pas va désormais coûter très cher. La sixième ronde a mis hors-course plusieurs grandes nations des Olympiades. L'Azerbaïdjan a subi sa seconde défaite d'affilé, cette fois face à la Lituanie. L'Espagne est tombé face à la Géorgie, et la Pologne a du se contenter de la nulle face à l'Autriche. Les carottes semblaient pourtant cuites pour le GMI Valentin Dragnev face à Jan-Krzysztof Duda, mais le jeune autrichien trouvait une superbe ressource pour sauver une position compliquée et offrir le match nul à son équipe. Pour l'instant, son sacrifice de dame est LE coup de l'Olympiade !

Pour le moment, tout semble tourner en faveur de l'Inde, mais dans un tournoi aussi compétitif, les fortunes changent rapidement. Les chinois auront une chance de les repasser à la septième. Quant au vainqueur du match Iran-Vietnam, il prendra une très belle option sur les places d'honneur.

Appariements Ronde 7 (Top 15)

No. SNo FED Equipes Score : Score Equipes FED SNo
1 2 Inde 12 : 11 Chine 3
2 29 Lituanie 10 : 10 Hongrie 9
3 10 Iran 11 : 11 Vietnam 21
4 4 Ouzbékistan 10 : 10 Ukraine 15
5 16 Serbie 10 : 10 Pays-Bas 5
6 17 Arménie 10 : 10 Angleterre 8
7 14 France 10 : 10 Géorgie 32
8 23 Grèce 9 : 9 Etats-Unis 1
9 31 Autriche 9 : 9 Norvège 6
10 18 Roumanie 9 : 9 Pologne 11
11 40 Suède 8 : 8 Allemagne 7
12 12 Azerbaïdjan 8 : 8 Kazakhstan 41
13 13 Espagne 8 : 8 Lettonie 42
14 44 Colombie 8 : 8 Tchéquie 19
15 20 Israël 8 : 8 Islande 46

Mais pour l'instant, place à la fameuse "Bermuda Party", suivie d'une journée de repos bien méritée !

Ce qui se passe à la Bermuda Party reste à la Bermuda Party. Enfin, à priori… Photo : Chess.com.

Femmes : L'Inde seule en tête, la Géorgie et la Pologne en embuscade

Alors que les grands favoris se rencontrent, la marge d'erreur devient de plus en plus fine. Sur les trois premiers échiquiers, les matchs se décidaient à chaque fois d'un petit point.

Résultats complets ici.

Côté indien, Harika Dronavalli avait bien des chances de gain dans une finale cavalier contre fou au premier échiquier, et la MI Tania Sachdev était même un moment gagnante au quatrième, mais c'est bien l'inévitable Divya Deshmukh, qui marquait aujourd'hui le point de la victoire face à l'Arménie.

Vaishali n'a pas pris le moindre risque. Photo : Michal Walusza/FIDE.

Divya obtenait rapidement une position prometteuse lorsque son adversaire, la GMI Elina Danielian, jouait le douteux 15...Ca5?, qui laissait les noirs sérieusement sous-développés.

Les géorgiennes, têtes de série numéro deux, affrontaient la surprise mongole. Après des nulles sans histoire sur les trois premiers échiquiers, la MI Salome Melia offrait à la Géorgie le point de la victoire. C'était pourtant inattendu, la MFF Erdenebayar Khuslen ayant gagné une qualité gratuitement grâce à une petite tactique un peu plus tôt dans la partie.

La partie qui allait décider du sort du match. Photo : Mark Livshitz/FIDE.

Mais c'est à la fin du bal qu'on paie les musiciens, et ceux-là avaient prévu un rappel… Opportuniste, Melia ne ratait pas l'occasion de retourner la situation pour sauver les siens :

La Chine, qui semblait invincible lors des quatre premières rondes, perd son second match d'affilé. Battue par l'Arménienne Sargsyan à la ronde précédente, la prodige Lu Miaoyi (14, MI) était remplacée par la MI Guo Qi au troisième échiquier. Comme le remarquait notre commentateur américain Robert Hess en début de journée, les Elos des unes et des autres nous permettait d'espérer un Pologne-Chine plus serré que jamais.

La GMI Zhu Jiner parvenait à neutraliser le léger avantage pris dans l'ouverture par la MI Alina Kashlinskaya. C'est finalement Kiolbasa qui faisait la différence et, grâce à la paire de fous, apportait la victoire à la Pologne.

Kiolbasa, au troisième échiquier, est la MVP polonaise du jour. Photo : Michal Walusza/FIDE.

Deuxième défaite de suite pour les chinoises, qui sortent sans aucun doute de la course à la médaille d'or. La Pologne se retrouve en compagnie de la Géorgie dans le porte-bagages des leaders indiennes. Sept équipes sont en embuscade, dont une très intéressante et soudée équipe de France !

D'autres matchs serrés se décidaient d'un point : Azerbaïdjan - Vietnam (2,5-1,5) ou encore USA - Suisse (2,5-1,5). La MI azérie Ulviyya Fataliyeva mettait notamment son équipe dans d'excellentes dispositions en dominant complètement sa partie dès l'ouverture.

Les américaines semblaient en revanche en grande difficulté lorsque la MFF suisse Mariya Manko remportait une partie à sens unique face à la MI Anna Zatonskih au quatrième échiquier. Mais les jeunes MI Carissa Yip et Alice Lee sauvaient la bannière étoilée et gagnant aux deuxièmes et troisièmes. Au premier, Gulrukhbegim Tokhirjonova tenait une nulle solide avec les blancs contre la "Chess Queen" Alexandra Kosteniuk en personne.

Yip, qui vient de fêter son 21ème anniversaire, expliquait en interview à Mike Klein n'avoir jamais vraiment douté des chances de son équipe. Elle indiquait également avoir "piqué" l'étrange coup 5...h6 à la GMI géorgienne Nana Dzagnidze, qui l'avait joué contre elle en 2021 à la Coupe du Monde FIDE.

Si objectivement, son adversaire parvenait à prendre l'avantage, elle passait trop de temps à calculer les complications. Et avec 10 minutes à la pendule contre 50, ce qui devait arriver arriva : la suissesse commençait à déjouer.

Les stars des deux équipes américaines en pleine discussion. Photo : Michal Walusza/FIDE.

Après la journée de repos, le match le plus important opposera les deux têtes de série, l'Inde et la Géorgie. Qui pourra stopper la chevauchée fantastique des indiennes ?

Appariements Ronde 7 (Top 15)

No. SNo FED Equipes Score : Score Equipes FED SNo
1 1 Inde 12 : 11 Géorgie 2
2 30 Autriche 9 : 9 Hongrie 14
3 5 Ukraine 10 : 11 Pologne 3
4 6 Azerbaïdjan 10 : 10 Kazakhstan 10
5 11 Arménie 10 : 10 Etats-Unis 7
6 18 Mongolie 10 : 10 Allemagne 8
7 9 Espagne 10 : 10 France 13
8 27 Canada 9 : 9 Bulgarie 12
9 39 Pérou 9 : 9 Pays-Bas 17
10 23 Grèce 9 : 9 Ouzbékistan 34
11 4 Chine 8 : 9 Australie 46
12 36 Lettonie 8 : 8 Angleterre 15
13 38 Estonie 8 : 8 Turquie 16
14 19 Serbie 8 : 8 Iran 37
15 20 Vietnam 8 : 8 Tchéquie 41


Le MN Anthony Levin a contribué à cet article.

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La retransmission de la Ronde 6 avec aux commentaires les MI Stéphane Bressac et Kévin Terrieux et le GMI Laurent Fressinet.

Les 45èmes Olympiade d'échecs FIDE sont un événement d'équipe massif pour les fédérations nationales qui a lieu tous les deux ans. En 2024, elle se déroule à Budapest, en Hongrie, avec 11 rondes du 11 au 22 septembre. Dans les sections Mixte et Féminine, des équipes de cinq joueurs et joueuses s'affrontent dans un tournoi au système suisse, chaque match se jouant sur quatre échiquiers. La cadence est de 90 minutes avec un ajout de 30 minutes au 40ème coup et incrément de 30 sec par coup pour toute la partie. 


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    Colin_McGourty
    Colin McGourty

    Colin McGourty led news at Chess24 from its launch until it merged with Chess.com a decade later. An amateur player, he got into chess writing when he set up the website Chess in Translation after previously studying Slavic languages and literature in St. Andrews, Odesa, Oxford, and Krakow.

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