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Grand Prix FIDE de Belgrade - R6 : MVL en demies !
Maxime a surpris son adversaire et se qualifie pour les phases finales. Photo : Maria Emelianova/Chess.com.

Grand Prix FIDE de Belgrade - R6 : MVL en demies !

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Exceptionnel ! Le dernier "match de poule" du Grand Prix FIDE de Belgrade a tenu toutes ses promesses, et même plus encore.

Dans le groupe A, Dmitry Andreikin sort vainqueur après une partie agitée. Anish Giri a composté son billet pour les demi-finales grâce à un jeu solide avec les pièces noires. Richard Rapport, déjà en position préférentielle, gérait parfaitement la situation et accédait comme à Berlin au carré final. Dans le dernier groupe, le plus serré sur le papier, les deux rencontres s'avéraient extrêmement tendues, mais c'est le formidable Maxime Vachier-Lagrave qui se frayait un passage vers les phases finales grâce à une partie majuscule.

Les demi-finales auront lieu mercredi 9 mars à partir de 15h, heure de Paris.

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Poule A

Avant cette dernière journée, Andreikin et Sam Shankland étaient au coude-à-coude avec 3/5, tandis qu'Etienne Bacrot demeurait en embuscade à un demi-point. Avec seulement 1,5/5, Alexander Grischuk était lui d'ores et déjà éliminé.

Sasha pouvait néanmoins jouer les trouble-fêtes en aidant son compatriote à passer en demies. Il fallait pour cela battre Shankland, qui choisissait la défense sicilienne en lieu et place de sa traditionnelle berlinoise, dans laquelle les blancs peuvent plus ou moins forcer la nulle. En réponse, le russe évitait les lignes ouvertes et optait pour la solide variante de Moscou (3.Fb5+).

L'américain essayait le combattif 3...Cd7, mais son rival était le premier à sortir de la théorie en jouant 10.Dd3. Sam répondait bientôt par 12...b5!?, une nouveauté permettant sans conteste d'égaliser. Très vite, les pièces s'échangeaient en nombre, et les deux hommes repartaient bons amis

Dans l'autre partie, Andreikin affrontait Bacrot avec les pièces blanches et son destin entre les mains. Il ouvrait par 1.d4, auquel le français répondait par le solide gambit dame accepté, espérant sans doute profiter de l'excès d'envie de son adversaire du jour. Pourtant, les blancs poussaient pour le gain, sans toutefois obtenir de réelles chances. Au 24ème coup, le russe se retrouvait à la croisée des chemins : opter pour un léger avantage (sans doute insuffisant pour l'emporter), ou tenter un sacrifice de dame spéculatif. Il choisissait la deuxième option, et la réponse imprécise du président lui offrait de vraies chances de gain. La partie devenait alors riche en rebondissements, les deux joueurs gâchant tour à tour des chances de gains comme des amateurs en "Sub battle" ! Pour nous aider à démêler cet imbroglio tactique, Dejan Bojkov a analysé la partie en profondeur :

Chess.com game of the day dejan bojkov

La partie du jour, par le GMI Dejan Bojkov

Poule B

Peu de suspense dans le groupe B, ou Giri disposait d'un point d'avance. Il affrontait néanmoins Nikita Vitiugov qui, avec les pièces blanches, pouvait encore rêver d'un départage rapide. Fait notable : le russe choisissait la partie anglaise, essayant d'attirer le hollandais hors de ses désormais légendaires préparations.. Par transposition, les joueurs entraient dans la variante Dubov du Gambit dame refusé, une ligne tendue pouvant occasionner d'énormes complications, mais où les échanges massifs peuvent également mener à des nulles rapides. Les blancs tentaient un moment de prendre l'avantage, mais Anish ne semblait jamais vraiment en danger et passait confortablement au tour suivant.

Giri a remporté son groupe avec la manière. Photo : Maria Emelianova/Chess.com.

Dans l'autre partie, Pentala Harikrishna conduisait les pièces blanches face au jeune iranien Amin Tabatabaei. Ce dernier choisissait l'espagnole d'échange, très populaire sur ce Grand Prix. L'indien répliquait avec un sacrifice de qualité contre un pion et la paire de fous, mais laissait aussi les noirs échanger les dames. Les positions résultantes peuvent s'avérer difficiles à traiter pour des noirs ayant du mal à faire jouer leurs tours sur la seule colonne ouverte.

Dès le début du milieu, les blancs avaient pourtant du mal à trouver un plan, ce qui permettait à Tabatabaei de prendre l'initiative, et bientôt l'avantage. Méthodiquement, il améliorait sa position jusqu'à être à deux doigts de récolter les fruits de son labeur. Pourtant, il allait se tromper en zeitnot, ce qui permettait à Haraikrishna de revenir dans la partie. Quelques coups plus tard, l'indien gaffait à son tour, offrant la victoire sur un plateau à son adversaire. Une très belle fin de tournoi pour le prometteur persan.

Poule C

Après sa victoire de la veille face à Vidit Gujrathi, Rapport entamait cette ronde décisive avec un confortable point d'avance.

Fort des pièces blanches, il choisissait de s'éloigner des grandes lignes que ne boude pas Alexei Shirov, et jouait 1.c4. Dans la variante des quatre cavaliers de l'anglaise symétrique, les pièces s'échangeaient rapidement et la partie se terminait par une nulle qui arrangeait bien le hongrois. Anecdote intéressante : Les 23 premiers coups de la partie avait déjà été joués par Rapport, mais avec les pièces noires !

Qualification tranquille pour le sémillant Rapport. Que pourra-t-il faire en demies face à MVL ? Photo : Maria Emelianova/Chess.com.

Vidit pouvait encore jouer la première place de groupe, mais devait absolument l'emporter avec les noirs face à Vladimir Fedoseev et espérer une défaite de Rapport. Plutôt que d'opter pour une ligne tendue, il choisissait la solide défense russe, jouée à de nombreuses reprises cette semaine. Fedeoseev optait pour l'attaque Nimzowitsch avec 5.Cc3, très populaire à haut niveau depuis quelques temps.

L'indien jouait agressivement et prenait complètement le jeu à son compte, allant jusqu'à obtenir un avantage sans doute gagnant. Après l'avoir laissé filer, il repartait au combat, mais finissait par prendre une étrange décision au 45ème coup, ce qui permettait aux blancs de prendre le pion h6 avec échec et de tenir la nulle avec un jeu précis. Une belle partie de combat, particulièrement si l'on considère la faiblesse de l'enjeu.

Poule D

Dans le groupe D, Maxime Vachier-Lagrave jouissait d'un demi-point d'avance sur ses poursuivants Shakhriyar Mamedyarov et Yu Yangyi avant la dernière ronde. 

Avec les pièces noires face à Mamedyarov, il n'avait besoin que d'une nulle pour se garantir les départages, tandis qu'une victoire l'envoyait directement en demi-finales. Malgré l'enjeu, le jeu fut au rendez-vous.

Surprise pour l'azéri : en lieu et place de sa bien-aimée Grünfeld, Maxime optait pour le gambit-dame refusé, et "Mame" choisissait la variante d'échange. Une position à roque opposée se présentait bientôt, et la tension grimpait rapidement. Le français ne semblait avoir de grands problèmes, mais son adversaire parvenait à replacer sa dame de c2 en g5 via les cases a4, d7 et f5, faisant trembler le roque de Maxime. Ce dernier trouvait l'excellent coup 23...b3!, qui lui permettait de générer suffisamment de contre-jeu pour maintenir l'équilibre dynamique. Face à la furia tactique du requin, Mamedyarov n'avait bientôt pas mieux qu'une répétition de coups.

MVL a tiré le premier dans la poule la plus disputé de ce GP. Photo : Maria Emelianova/Chess.com.

Dans l'autre partie, Yu Yangyi se trouvait dans la même position que Mamedyarov et devait absolument l'emporter pour continuer son chemin. Sa tâche semblait toutefois un peu plus facile, puisqu'il affrontait la lanterne rouge Aleksandr Predke avec les pièces blanches. Le chinois obtenait d'ailleurs une superbe position dans la variante fermée de l'espagnole, mais les noirs se battaient avec l'énergie du désespoir. Vers le 30ème coup, le vent tournait en faveur du russe. En zeitnot, les deux joueurs ne trouvaient pas les meilleurs coups, faisant sans doute passer MVL par de véritables montagnes russes émotionnelles. En fin de compte, c'était bien Predke qui s'octroyait la victoire après une prestation majuscule, et qui permettait à son bourreau français d'aller en demi-finales sans passer par la case départages.

Résultats

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