Championnat du monde féminin par équipes : Les russes écartent l'Inde en finale
C'est donc la Russie qui s'impose 2,5-1,5 dans la première ronde puis 3-1 dans la deuxième pour remporter aisément la finale du Championnat du monde féminin par équipes qui se tenait à Sitges, en Espagne. C'était la première fois que cet évènement se tenait en cadence semi-rapide, et la deuxième que les russes s'imposaient, après leur triomphe de 2017 en cadence longue.
Autre première : la médaille de l'équipe indienne, qui glane l'argent après un parcours plus que convaincant. Seules les russes sont parvenues à les battre, d'abord en match de poule, puis à nouveau en finale.
C'est avec les pièces noires que les indiennes ont été le plus en difficulté face à des russes très solides. La GMI Kateryna Lagno a notamment réalisé une performance de tout premier ordre, remportant ses deux parties en finale et faisant preuve d'une fiabilité sans équivalent pendant toute la compétition. Seule éclaircie côte indien : la victoire de la GMI Dronavalli Harika avec les pièces noires face à Aleksandra Goryachkina au premier échiquier. Insuffisant toutefois pour déstabiliser l'armada russe.
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La Russie, forte de trois GMI et d'un avantage Elo à tous les échiquiers, était le favori légitime de cette finale. Mais comme dans la plupart des sports, la somme des individualités ne suffit pas à faire une grande équipe, et les indiennes, ayant montré de très belles intentions, avaient toutes leurs chances.
Ronde 1 : Russia 2,5-1,5 Inde
Alors qu'on entrait sur tous les échiquiers dans le milieu de jeu, il était difficile de dégager un favori. Au troisième, avantage russe, Lagno ayant une belle initiative dans une variante à la mode de la Caro-Kann face à la MI Bhakti Kulkarni. Au quatrième, en revanche, la GMF Mary Ann Gomes jouissait d'un bel avantage positionnel face à la MI Alina Kashlinskaya après un très lent début Réti.
Les deux autres parties étaient très équilibrées. Au premier échiquier, Goryachkina semblait surprise par un sacrifice de pion d'Harika, tandis que la GMF Vaishali et l'ex-championne du monde Alexandra Kosteniuk jouaient une position égale. L'emballage final pouvait commencer !
Avant l'époque des sentencieux ordinateurs, certaines ouvertures étaient jugées "douteuses" par les experts, principalement à cause de structures de pions réputées faibles. C'est le cas de la variante de la Caro-Kann choisie par Kulkarni contre Lagno (4...CF6 5.Cxf6 exf6), considérée comme "réfutée" jusqu'à la fin des années 80. Celle-ci a pourtant connu une seconde jeunesse grâce à la puissance des moteurs d'analyse modernes. Son utilisation n'était cependant pas une surprise, de nombreuses joueuses indiennes l'ayant joué à haut niveau récemment.
Dans les tournois par équipes, l'équipe la plus forte sur le papier tente généralement de contrôler le match en prenant le minimum de risques. L'objectif : gagner avec les blancs et annuler avec les noirs. A l'inverse, les outsiders tentent des ouvertures plus risquées pour forcer leurs adversaires à sortir des sentiers battus du jeu ultra-positionnel.
Avec les pièces noires, Kulkarni jouait de manière très active, mais son ouverture risquée se retournait bientôt contre elle. La partie avançant, l'avantage de Lagno se faisait plus criant, et la poussée des pions noires à l'aile roi plus affaiblissante que menaçante :
Gomes, avec un léger avantage face à Kashlinskaya, semblait la plus en mesure d'égaliser pour l'Inde :
Au même moment, la partie Kosteniuk-Vaishali semblait s'orienter vers la nulle, mais la jeune indienne commettait une bourde tactique :
Anecdote croustillante : en match de poule, c'était déjà à cause d'une gaffe similaire en finale tours + une pièce mineure que la sœur de Praggnanandhaa avait perdu contre Kosteniuk
La victoire russe semblait désormais inévitable, Lagno jouissant d'un avantage considérable contre Kulkarni. Mais le fighting spirit d'Harika lui rapportait tout de même une belle victoire de prestige face à Goryachkina.
Seule GMI de l'équipe indienne en l'absence d'Humpy Koneru, Harika a tenu son rang, deux semaines seulement après son excellente performance lors de l'Olympiade en ligne. Face à la jeune et talentueuse russe, elle n'hésitait pas à jouer un début tendu avec sacrifice de pion :
Sans doute épuisée après avoir joué une douzaine de parties dans la semaine, la championne de Russie s'effondrait sans grande résistance face à la pression noire.
Ronde 2 : Russie 3-1 Inde
Il fallait absolument aux indiennes une victoire dans cette seconde ronde pour aller en départages. Hélas, les choix d'ouvertures côté noir ont posé problème toute la semaine chez les joueuses du sous-continent, et au quatrième échiquier, la MI Polina Shuvalova mettait rapidement en relief les failles de la sicilienne Kan de Gomes. Une pression qui allait rapidement se répercuter sur ses partenaires.
Avant même la victoire de Shuvalova, la revanche Kosteniuk-Vaishali se soldait par une nulle rapide. Au premier échiquier, la pression était inversée et c'est cette fois Harika qui se retrouvait en difficulté :
Avec la médaille d'or en vue, Lagno ne se relâchait pas et punissait la MI Tania Sachdev, trop opiniâtre dans sa quête de la victoire :
Toutes les parties de la finale
Le Championnat du monde féminin par équipes était une compétition regroupant douze équipes venues du monde entier. Il se déroulait du 27 septembre au 2 octobre à Sitges (Espagne) et était diffusé en direct sur Chess.com.
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