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Carlsen tout proche d'une première finale en Coupe du Monde
Carlsen bat Abasov avec les pièces blanches. Photo : Maria Emelianova/Chess.com.

Carlsen tout proche d'une première finale en Coupe du Monde

JackRodgers
| 0 | Couverture d’événements d’échecs

Après avoir enduré 12 parties classiques sans la moindre défaite contre les meilleurs joueurs du monde dans cette Coupe du Monde FIDE 2023, Nijat Abasov est finalement tombé. Son bourreau ? Le numéro 1 mondial Magnus Carlsen, bien sûr. Le norvégien prend donc un point d'avance et se retrouve en ballotage très favorable aux portes de la finale.

Dans l'autre demi-finale, Fabiano Caruana a pressé dans le giuoco piano face à Rameshbabu Praggnanandhaa. Mais le GMI américain ne parvenait pas à percer les défenses du prodige indien en finale de tours. 

La première partie de la finale féminine entre Aleksandra Goryachkina et la prometteuse MI Nurgyul Salimova s'est terminée par une nulle, les deux joueuses échangeant rapidement toutes leurs pièces. Dans le match pour la troisième place, Anna Muzychuk terrassait Tan Zhongyi à l'issue d'une finale de fous de couleurs opposés.

Match retour dimanche 20 aout à partir de 13 heures, heure de Paris.

Comment suivre la Coupe du monde FIDE 2023
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La retransmission avec aux commentaires Kévin Bordi.

Mixte : Carlsen bat Abasov dans une partie à double tranchant

Du spectacle, du spectacle, et encore du spectacle. C'est apparemment le thème de cette Coupe du Monde, et ce premier jour des demi-finales n'a pas dérogé à la règle. Invaincu jusque-là en classique, Abasov faisait face à la montagne Carlsen, et la partie allait être très animée.

Abasov a réalisé une performance largement supérieure à son Elo d'avant-tournoi (2646). Image : 2700chess.com.

Pas du genre à sous-estimer un adversaire, Carlsen expliquait avant le match qu'il était heureux de ne pas jouer un membre du top mondial en demi-finale. Il ajoutait toutefois que l'appariement ne lui semblait pas simple pour autant : "Abasov a été très fort, il est en pleine confiance, il joue vite et bien. Ce ne sera pas facile."

Carlsen n'a pas tari d'éloges sur son jeune adversaire. Photo : Maria Emelianova/Chess.com.

La variante Rossolimo de la sicilienne était le terrain de jeu du jour. Carlsen dégainait la nouveauté 7.d3, un gambit qui surprenait l'azéri, qui ne s'attendait sûrement pas à gagner un pion aussi tôt dans la partie.

Après avoir poussé le pion g au dixième coup, Carlsen menaçait d'infliger un troisième ilot de pions doublés à son adversaire. Un plan contré par le courageux 13...g5 d'Abasov. Refusant de roquer côté cimetière, il optait ensuite pour le grand roque et rendait un pion pour endiguer les velléités offensives du norvégien.

Une décision pratique digne de son nouvel Elo de 2672 ! Les deux joueurs entraient dans une position dame+tour+fous de couleurs opposées pouvant présager d'un résultat nul. "Il trouvait beaucoup de ressources, et je me sentais de plus en plus nerveux" reconnaissait Magnus après la partie.

Abasov et Carlsen à l'analyse. Photo : Maria Emelianova/Chess.com.

C'est connu, les échecs ne pardonnent pas la moindre incartade. Après avoir conservé un bel avantage pendant 30 coups, la position de Carlsen pouvait s'écrouler suite à la gaffe 34.Dh2? Las, Abasov ratait la forte réponse 34...Df1! qui lui aurait permis de prendre une redoutable initiative. En zeitnot, l'azéri gaffait même très rapidement en retour.

L'ordinateur évalue la position résultante comme égale, mais pour tenir, les noirs doivent jouer une avec une précision chirurgicale. Avec moins d'une minute à la pendule, le jeune Nijat choisissait le mauvais échec. Une imprécision qui allait lui couter la partie.

Cette victoire de Goliath sur David est notre partie du jour. A ce titre, la voici analysée pour vous par le GMI Rafael Leitao.

Praggnanandhaa a prouvé durant toute cette compétition qu'il ne craignait pas la pression. Après une journée de repos bien méritée consécutive à l'incroyable quart de finale qui l'opposait à son compatriote Arjun Erigaisi, l'indien affrontait son plus terrifiant adversaire du tournoi : Un Caruana en grande forme.

Caruana, 2791 Elo, est à nouveau numéro deux mondial. Photo : Stev Bonhage/FIDE.

Statistique intéressante sur les deux duellistes du jour : ils sont les seuls à avoir éliminé deux joueurs classés au-delà des 2700 Elo. (Hikaru Nakamura et Erigaisi côté Pragg, Jan-Krzysztof Duda et Leinier Dominguez côté Caruana).

Bien que sa place aux Candidats soit quasiment garantie suite aux déclarations de Carlsen, peu intéressé par une participation dans le format actuel, la pression qui pèse sur les épaules du jeune Praggnanandhaa ne baisse pas. Pour les nombreux fans indiens, avoir un joueur en demi-finale est une nouveauté. Et c'est tout un peuple qui pousse derrière son jeune prodige qui pourrait, si les étoiles s'alignent enfin, s'octroyer un titre qui a si souvent échappé à Viswanathan Anand.

Praggnanandhaa est le dernier espoir indien. Photo : Stev Bonhage/FIDE.

Bien que le format incite généralement les joueurs à pousser au maximum pour le gain lorsqu'ils bénéficient des pièces blanches, Caruana ne pouvait ignorer que son jeune adversaire n'a pas perdu la moindre partie avec les noirs depuis le début de la compétition. Et de ses neuf victoires, cinq ont été remporté sans l'avantage du trait !

15 points Elo gagnés, et voilà Praggnanandhaa propulsé au 23ème rang mondial. Image : 2700chess.com.

Mais l'italo-américain est bien sûr un combattant hors-pair. Il choisissait de s'aventurer en profondeur dans la théorie du giuoco pianissimo, et obtenait un léger avantage. Dans une finale dame-tour, il tentait d'empêcher le développement de la tour adverse, mais se heurtait à un plan très logique permettant d'échanger les dames en force.

Un duel que l'on risque de revoir souvent dans les années à venir. Photo : Stev Bonhage/FIDE.

Comme dans l'autre demie, le quarantième coup était crucial. Avec peu de temps à la pendule, Caruana ratait une opportunité d'entrer dans une finale gagnante en jouant 40.Re3!. Le rajout de trente minutes au coup suivant n'allait pas lui servir à grand-chose : malgré son pion de plus, la finale de tour (comme toutes les finales de tour ?) était désormais nulle.

Le match nous offrira sans aucun doute une belle bataille de préparations. Bien que Caruana soit statistiquement favori dans toutes les cadences, personne ne doute que le jeune indien saura le pousser dans ses retranchements jusqu'au bout.

Demi-finales

Toutes les parties du jour

Femmes : Muzychuk gagne une finale majestueuse

Dans la finale du tableau féminin, Salimova continue d'impressionner, défendant très proprement avec les noirs dans la variante d'échange du gambit dame refusé. La MI bulgare considérait le choix d'ouverture de Goryachkina comme "douteux". Il est vrai que la paire de fous et une belle activité offraient sans doute aux noirs largement assez de compensations pour le pion de moins.

Goryachkina et Salimova. Photo : Stev Bonhage/FIDE.

Goryachkina avait sa chance, mais ne la saisissait pas. Son adversaire avait bien vu le possible 13.Qxc5! mais comme elle le remarquait en interview d'après-match : "Aucun humain ne joue comme ça !"

Les pièces s'échangeaient ensuite rapidement, et une triple répétition apparaissait sur l'échiquier.

Le match pour la troisième place oppose Muzychuk et Tan. La première nommée a fait preuve d'une "technique incroyable" aujourd'hui, comme le remarquait Anand. Grâce à une belle série de coups forcés, l'ukrainienne semble bien partie pour prendre sa revanche dans ce remake de la Coupe du Monde 2021.

Dans une la variante Carls de l'anglaise, la numéro 10 mondiale jouait pour le gain avec  26.Tc7. Trois coups (forcés) plus tard, elle jouait le coup du jour : 29.Tc5 leurrant Tan avec la promesse d'un pion e en prise.

La chinoise ne se faisait pas prier, mais elle laissait ce faisant le fou blanc s'installer en f6, enfermant le roi noir. Si l'ordinateur considère toujours cette position comme égale, elle est en pratique très difficile à défendre. Tan ne parvenait pas à endiguer la poussée du pion b, et devra absolument gagner demain pour continuer à rêver de podium.

La Coupe du Monde touche à son terme, et les affrontements entre favoris et outsiders continuent à tenir toutes leurs promesses. Abasov et Praggnanandhaa parviendront-ils à renverser les montagnes Carlsen et Caruana ? Salimova ira-t-elle au bout de l'exploit en battant Goryachkina ?

Nous le saurons dans les jours qui viennent !

Tableau femmes

Les parties du jour

La Coupe du Monde et la Coupe du Monde Féminine FIDE 2023 qui se déroulent à Bakou, en Azerbaïdjan, délivrent trois places pour le tournoi des Candidats 2024 et trois autres pour le tournoi des Candidates 2024. L'action commence le 30 juillet et se termine le 24 août, avec une dotation combinée de 2,5 millions de dollars.


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