Et maintenant ?

De nombreux amateurs jouent le dragon accéléré contre 1.e4 car c'est une ouverture facile à apprendre et qui regorge de pièges tactiques très vicieux. En outre, elle n'est pas réfutée, et les blancs ne peuvent pas lancer une attaque de mat facile comme dans le dragon normal. Pas la peine de retenir de longues lignes, les plans standards sont esthétiques et simples à maîtriser. L'une des positions-clefs de l'ouverture survient après les coups 1.e4 c5 2.Cf3 Cc6 3.d4 cxd4 4.Cxd4 g6 5.Cc3 Fg7 6.Fe3 Cf6 7.Fe2 0-0 8.f4 d6 9.Cb3 Dc7 10.0-0 b6 11.Rh1 Fb7 12.Ff3 et maintenant... 12...Ca5! 13.Cxa5 bxa5. Les noirs restent avec des pions a doublés mais (comme dans le gambit Benko, mais sans donner de matériel) ils obtiennent deux colonnes semi-ouvertes pour leurs tours. Il devient alors facile de mettre la pression sur les pions b et c adverses.

L'attaque de minorité est un des plans les plus importants aux échecs. Et il est tellement simple que tous les joueurs peuvent l'utiliser, dès le niveau débutant. Bien entendu, pour le jouer, il faut choisir une ouverture qui mène à une structure de pions adaptée. Il est important d'adopter des systèmes d'ouvertures qui mènent à des structures de pions qui vous plaisent. Certains joueurs, par exemple, n'aiment pas les positions fermées. Ils joueront donc plus volontiers le coup 1.e4. D'autres, au contraire, adorent les longues parties de manœuvres. Ceux-là s'orienteront plus naturellement vers les coups 1.d4 ou encore 1.Cf3. On retrouve principalement l'attaque de minorité dans le gambit dame refusé, mais c'est une idée que l'on peut occasionnellement jouer dans presque toutes les autres ouvertures.

Chaque ouverture a ses lignes clefs destinées à répondre à tous les plans ennemis, que ce soit via l'attaque ou la stratégie. Cependant, plutôt que de mémoriser une situation en particulier et une liste de coups précise, il est préférable de se souvenir du meilleur plan adverse et de la structure de pions nécessaire pour le combattre. De cette façon, la structure de pions vous servira de guide en toutes circonstances.

Lorsque vous jouez un système, il est important de savoir si les positions qui en résultent sont généralement statiques ou dynamiques. Si elles sont statiques, il faudra les jouer lentement, si elles sont dynamiques, il faudra les jouer rapidement. Bien sûr, les deux cas peuvent se présenter dans n'importe quelle ouverture, quelque soit sa réputation. Mais la plupart d'entre elles possèdent tout de même des caractéristiques dominantes qu'il vous faudra connaître. Sans oublier de rester souple, au cas où la position change radicalement !

Lorsque vous jouez une ouverture, vous devez être capable d'en expliquer la philosophie sans réfléchir. Par exemple, l'idée de la défense Alekhine (1.e4 Cf6 2.e5 Cd5) est de laisser les blancs installer un fort centre de pions pour ensuite l'attaquer par les ailes. C'est également le cas de la défense Grünfeld (1.d4 Cf6 2.c4 g6 3.Cc3 d5 4.cxd5 Cxd5 5.e4 Cxc3 6.bxc3 Fg7) et de la moderne (1.e4 d6 2.d4 Fg7). Toutes ces lignes offrent aux blancs un excellent centre de pions, mais ceux qui les jouent savent qu'ils doivent saper ce centre par tous les moyens nécessaire dès qu'ils en ont l'occasion.

Chaque ouverture a ses positions-clefs. Des situations que les deux joueurs recherchent ou évitent à tout prix. Parfois, la position est équilibré mais chaque camp dispose d'atouts différents, ce qui va donner plus de chances au joueur le plus fort. Il est plus important de connaître ces positions-clefs que les coups qui y mènent, car lorsque l'on connaît le but à atteindre, il devient facile de retrouver son chemin dans l'ouverture.

Lorsqu'un joueur joue 1...g6 contre 1.d4 ou 1.e4, il décide que sa partie suivra au moins l'un de ces deux thèmes : 1) La destruction du centre de pions blanc. 2) La libération et l'exploitation du puissant fou de cases noires.

Les positions-clefs sont légions dans l'ouverture espagnole, et pour avoir la moindre chance de vaincre avec les blancs comme avec les noirs, il est primordial de bien les comprendre. La variante la plus jouée (c'était également la favorite de Fischer) survient après les coups 1.e4 e5 2.Cf3 Cc6 3.Fb5 a6 4.Fa4 Cf6 5.0-0 Fe7 6.Te1 b5 7.Fb3 d6 8.c3 0-0 9.h3 Ca5 10.Fc2 c5 11.d4 Dc7 12.Cbd2 Cc6 13.dxc5 dxc5 14.Cf1 Fe6 15.Ce3 Tad8 16.De2. Les blancs doivent connaître sur le bout des doigts les idées immédiates et les plans à long terme des deux camps.

Revenons une fois de plus à un motif typique de la partie espagnole. Lorsque Karpov a fait connaître cette idée au grand public en jouant cette partie positionnelle légendaire, il s'est attiré les louanges du monde entier. Aujourd'hui, cette manœuvre est bien connue (y compris dans d'autres positions), et tous les aficionados de l'espagnole la jouent dès qu'ils le peuvent.

Certaines ouvertures ont tendance à accoucher de positions tactiques, tandis que d'autres créent des schémas plus positionnels. Mais quelque soit le type d'ouverture que vous choisissez de jouer. La position peut devenir dynamique ou statique en un instant. Dans cet exemple, les blancs prennent la décision de changer la nature de la position. Une fois cette décision prise, il n'est plus temps de changer de cap !

De nombreuses ouvertures (et les structures de pions qui en découlent) reposent intégralement sur une "grande idée" qu'il vous faudra essayer de réaliser dès que possible. Lorsque que vous jouez de l'autre côté, votre objectif sera bien entendu d'empêcher cette grande idée ou d'en neutraliser les effets.

Parfois, une variante d'ouverture gagne soudainement en popularité lorsqu'un joueur découvre une manière originale de l'aborder. Cette formule devient alors rapidement de notoriété publique, et les deux côtés de la position doivent parfaitement connaître ses tenants et ses aboutissants. Bien entendu, outre les implications pratiques (un joueur tente de jouer le nouveau plan, l'autre tente de l'empêcher), ces apports théoriques enrichissent notre compréhension stratégique et tactique de l'ouverture dans son ensemble. Une compréhension qui nous aidera dans toutes les structures de pions similaires.

Dans chaque ouverture, il existe une structure "de base". Cela signifie que certaines structures sont à éviter, et d'autres à rechercher. Si vous voulez comprendre l'ouverture que vous jouez, il vous faudra connaître ces structures canoniques.

Dans chaque ouverture, il existe des positions qui sont spécifiquement bonnes ou mauvaises pour vous. Il faut absolument connaître les situations qui vous sont favorables, et avoir la force de caractère nécessaire pour forcer votre adversaire à les accepter !

La plupart des ouvertures peuvent être "maîtrisées" simplement en en comprenant les coups de base, les idées principales, et en mémorisant quelques structures et plans typiques. Dans cette leçon, nous allons découvrir un placement de pièces très simple avec un concept sous-jacent facile à comprendre. Mais sa simplicité apparente cache des idées très piquantes et posera souvent de gros problèmes à votre adversaire.

Nous ne parlons pas ici d'un habitant de Barcelone un peu dérangé, mais bien du fou en fianchetto de la partie catalane (1.d4 d5 2.c4 e6 3.g3, ou 1.d4 Cf6 2.c4 e6 3.g3 d5 4.Fg2). On peut cependant parler de "fou catalan" dans d'autres ouvertures lorsque sa position en g2 le rend particulièrement puissant face à une structure-type. Et lorsque l'on possède un fou catalan, il ne faut pas hésiter à jouer les plans qui le rendent fort !

Lorsque vous travaillez une ouverture, il est primordial de connaître sur le bout des doigts toutes les petites choses qui rendent ce système attirant à vos yeux. S'il s'agit d'un avantage d'espace, comment l'ont utilisé les grand-maîtres par le passé ? Cette ouverture donne-t-elle des chances offensives, et si c'est le cas, ces attaques sont-elles le plus souvent couronnées de succès ? S'il y a des échanges, sont-ils bons ou mauvais pour vous ? Toutes ces petites choses forment la base stratégique de votre système et sont très faciles à apprendre. Une fois tous les éléments réunis, celui-ci devient très intéressant à jouer.

Assez souvent, après avoir joué les premiers coups de votre système favori, vous serez confronté à une réponse qui défie toute conception humaine des échecs. Dans ce cas, tous vos plans et positions pré-établis ne serviront plus à rien. Pour vous y retrouver dans cet océan de confusion échiquéenne, il faudra se montrer solide sur les fondamentaux ...

Il est primordial de bien connaître les idées stratégiques clefs des ouvertures menant à des positions calmes et positionnelles, mais, lorsque le temps et l'initiative sont au centre des débats, il est tout aussi important de savoir exploiter les idées offensives aiguës.

En partie, et tout particulièrement dans la phase d'ouverture, on se retrouve fréquemment face à des questions somme toute assez basiques : Faut-il prendre de l'espace ? Laisser l'adversaire prendre de l'espace ? Laisser le roi au centre, ou bien roquer pour le mettre en sécurité ? Ces questions ne doivent pas rester sans réponses. Avez-vous bien étudié les structures et les plans de base de l'ouverture que vous jouez, au lieu de simplement mémoriser une série de coups ? En fin de compte, c'est la compréhension des idées positionnelles et tactiques d'une position qui vous permettra d'avancer.