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Quand les pièges tournent mal

Quand les pièges tournent mal

Gserper
| 72 | Tactique

Il existe une situation très intéressante qui se produit parfois aux échecs. Un joueur tend un piège, puis jubile quand son adversaire tombe dedans. Malheureusement, l'euphorie est de très courte durée car il s'avère que le piège comporte un trou béant que l'adversaire "naïf" a vu à l'avance, inversant les rôles entre le chasseur et la proie ! 

Voici un bon exemple. Dans la partie suivante, l'adversaire de Magnus Carlsen a laissé son pion central sans protection dès le quatrième coup ! Le champion du monde peut-il accepter un tel cadeau ?

Lorsque votre adversaire est un Grand Maître classé bien au-delà des 2700, il est très peu probable qu'il offre un pion gratuitement si tôt dans la partie. De plus, il s'agit d'un piège d'ouverture bien connu, donc Carlsen n'a pas pris le pion et a fini par s'imposer :

Il y a 13 ans, j'ai écrit un article, où je mentionnais que même si les blancs tombent dans ce piège, ils peuvent toujours mettre en place un contre-piège :

J'ai aussi écrit que si au lieu du gourmand 6...cxb5?? qui permet un mat en un coup, les noirs jouent 6...d5!, ils gagnent tout de même une pièce. Mon point de vue était donc que même si les blancs tombent dans le piège, ils peuvent créer leur propre piège que les noirs évitent par 6...d5!. Les lecteurs de Chess.com, toujours attentifs, m'ont immédiatement fait remarquer que j'étais moi-même tombé dans un piège ! Le coup 6...d5 mérite un point d'interrogation et non d'exclamation ! Pouvez-vous comprendre pourquoi ?

Par conséquent, afin de gagner une pièce, les noirs devraient jouer 6...d6! au lieu du hâtif 6...d5?.

Je suis sûr que beaucoup d'entre vous se souviennent de la célèbre scène de "duel d'esprit" du vieux classique The Princess Bride :

Une version échiquéenne des deniers mots de Vizzini serait par exemple : "ne jamais essayer d'être plus malin que Mikhail Tal en matière de tactique". Le magicien de Riga aimait vraiment "tomber" dans le piège de son adversaire pour ensuite démontrer une idée inattendue qui allait complètement renverser la donne. La partie suivante en est un bon exemple.

Dans la position suivante, Tal s'est demandé : "comment mon très fort adversaire pourrait-il me donner une qualité après une combinaison simple commençant par 27...Cxe2 ? Bien sûr, il a rapidement découvert le piège et a ensuite trouvé une réfutation. Mettez-vous dans la peau de Tal. Pouvez-vous trouver l'idée des blancs et voir comment Tal a réussi à le réfuter ?

Un combat d'idées très similaire a eu lieu la semaine dernière dans le Grand Prix FIDE. Le super GM Alexander Grischuk a laissé son cavalier e6 non protégé. Que se passe-t-il si les noirs acceptent le cadeau ?

C'était facile, n'est-ce pas ? Je suis sûr que Grischuk n'espérait pas vraiment que son adversaire tombe dans le panneau. Mais on ne sait jamais aux échecs. Je me souviens que je ne pouvais pas en croire mes yeux lorsque le GM Alexei "Fire On Board" Shirov est tombé dans un combo identique :

Revenons à la partie originale. Bien sûr, Dmitry Andreikin ne s'est pas pris un mat en deux coups. Au lieu de cela, il a découvert un trou caché dans l'idée des blancs. Pouvez-vous le trouver ?

 Dans la partie, les noirs ont rapidement converti leur avantage matériel en une victoire :

La prochaine fois que vous verrez votre adversaire vous tendre un piège, souvenez-vous de cet article et essayez de trouver un trou dans son raisonnement, tout comme Tal et Andreikin l'ont fait !

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Les échecs sont un art !

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