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Les 5 meilleures joueuses de tous les temps

Les 5 meilleures joueuses de tous les temps

NathanielGreen
| 127 | Joueurs d’échecs

La dame est certes la pièce la plus forte aux échecs, mais malheureusement la part de femmes prenant part à la compétition demeure limitée malgré un regain d'intérêt depuis l'avènement de Beth Harmon dans la série le Jeu de la Dame. Aux États-Unis, par exemple, les femmes ne représentent qu'un septième des membres de la fédération nationale d'échecs. En février 2021, seules 37 joueuses avaient atteint le plus haut titre aux échecs, celui de Grand Maître, sur plus de 1700 joueurs actifs ayant décroché cette distinction. 

Cela dit, au fil de l'histoire, certaines joueuses ont réussi à se faire une place dans cet univers très masculin grâce à leur talent, travail et volonté. Nous avons sélectionné celles qui nous ont semblé être les 5 meilleurs joueuses afin de revenir plus en détails sur leur carrière. Elles ont toutes connu de beaux succès dans des tournois internationaux mixtes et/ou ont battu un champion du monde en titre. Leurs exploits en font des icônes légendaires du jeu.

Mentions honorables

  • La GM Pia Cramling (mère de la MFf Anna Cramling) a été la joueuse la mieux classée au monde durant une partie de l'année 1983-84 en plus de devenir la cinquième femme à obtenir le titre de GM.
  • L'actuelle championne du monde, la GM Ju Wenjun, est la seule femme à avoir été plusieurs fois sacrée au XXIe siècle, après la GM Hou Yifan.
  • La GM Xie Jun a détrôné Chiburdanidze en tant que championne en 1991, a été la sixième femme à obtenir le titre de GM, et est l'actuelle présidente de l'Association chinoise des échecs. 
  • La GM Alexandra Kosteniuk a été la 14e championne du monde, deux fois championne de Russie et la 10e femme GM de l'histoire.
  • La GM Susan Polgar est devenue la femme la mieux classée au monde à l'âge de 15 ans et a été championne du monde de 1996 à 1999. Elle est la sœur aînée de Judit Polgar et de la MI Sofia Polgar.

#5 Vera Menchik 

Vera Menchik, 1933Vera Menchik, première championne du monde, a prouvé il y a près de 100 ans que les échecs n'étaient pas seulement une affaire d'hommes. Dans ce qui est peut-être son meilleur tournoi (disputé en équipe avec entre autre Jose Capablanca) à Ramsgate en 1929, elle est restée invaincue en sept parties. Elle a remporté ses duels contre George Alan Thomas, Reginald Pryce Michell et Hubert Ernest Price et a annulé ses autres parties. Ces trois victoires sans défaite lui ont permis d'égaler la performance du grand Akiba Rubinstein et de devancer d'un demi-point son ancien entraineur, le GM Geza Maroczy

Menchik peut également se targuer d'avoir fait jeu égal avec le champion du monde Max Euwe en cinq parties (+2 =1 -2) et le champion américain Samuel Reshevsky en deux rencontres (+1 -1). Néanmoins c'est l'Autrichien Albert Becker qui aurait créé le "Club Vera Menchik" en perdant contre elle au tournoi de Carlsbad en 1929 après s'être moqué de sa participation.

Dans les évènements féminins, Menchik dominait de la tête et des épaules. Elle a participé à sept Championnats du Monde féminins et a gagné un nombre incroyable de 78 parties sur 83, pour une seule défaite et quatre nulles, soit un pourcentage de victoire de 98,8 %. Elle a également remporté deux matchs pour le titre contre l'Allemande (puis Américaine) Sonia Graf. Pour son immense carrière, Menchik est honorée tous les deux ans aux Olympiades féminines, où la nation gagnante reçoit la Vera Menchik Cup.

La mort tragique de Menchik dans un tir de roquette allemand en 1944, six ans avant la création du titre de GM, l'a privée de la possibilité de l'obtenir (la FIDE ne lui a pas décerné le titre à titre posthume). La joueuse suivante sur notre liste a cependant eu cette chance et l'a saisie.

#4 GM Nona Gaprindashvili

Nona Gaprindashvili, 1975
Photo : Dutch National Archive

Nona Gaprindashvili est devenue la première femme Grand Maître en 1978 - à ne pas confondre avec le titre de Grand Maître féminin (GMf) - après un succès retentissant lors du tournoi de Lone Pine 1977 en Californie. Avec un score de 6,5 sur 9 possibles, elle a partagé la première place avec les Grands Maîtres Yuri Balashov, Dragutin Sahovic et Oscar Panno. 


L'héritage de Gaprindashvili était déjà cimenté même sans son titre de GM. Elle a été championne du monde pendant 16 ans, prenant ce titre à la MI Elisaveta Bykova en 1962 et le défendant à quatre reprises. Gaprindashvili avait déjà remporté deux fois le championnat soviétique féminin et s'imposerait trois fois de plus en tant que GM. Elle a également régné sur les Olympiades féminines, participant à 12 d'entre elles et obtenant un score de +94 =26 -8, tout en glanant l'or par équipe 11 fois et l'or individuel huit fois.

Gaprindashvili a continué à jouer sérieusement aux échecs bien au-delà de ses 70 ans, menant une carrière qui s'étend sur plus d'un demi-siècle, soit près de six décennies. En 1995, elle est devenue championne du monde senior. Vingt-quatre ans plus tard, en 2019, à l'âge de 78 ans, Gaprindashvili a été championne du monde senior 65+ pour la cinquième fois.

Peu de joueurs et joueuses peuvent rivaliser avec la combinaison de force et de longévité de Gaprindashvili. 

#3 GM Maia Chiburdanidze

Maia Chiburdanidze, 1984
Photo : Gerhard Hund/Wikipedia, CC BY 3.0

La GM Maia Chiburdanidze a battu sa compatriote géorgienne Gaprindashvili lors du Championnat du Monde féminin 1978. Elle avait seulement 17 ans à l'époque et fut la plus jeune de tous les temps à s'emparer de la couronne. Elle l'a conservée pendant 13 ans, remportant quatre autres matchs pour défendre ses lauriers. Entre-temps, Chiburdanidze a obtenu le titre de Grand Maitre en 1984, à l'âge de 23 ans. Elle devenait alors la première femme à entrer dans le top 50 mondial depuis que la FIDE avait commencé à établir une liste officielle en juillet 1971. En janvier 1988, avec un classement de 2560, Chiburdanidze a atteint le 48e rang mondial. Seule une autre joueuse y est parvenue depuis (en février 2021).

Chiburdanidze s'est particulièrement bien comportée face au GM Nigel Short, restant invaincue lors de ses deux parties en carrière contre l'Anglais en 1983 et 85. Cette dernière rencontre a eu lieu à Banja Luka, un tournoi que Chiburdanidze a remporté avec un score de quatre victoires et six nulles. Moins d'une décennie plus tard, Short disputera un match de Championnat du Monde.

Chiburdanidze a participé à 15 Olympiades de 1978 à 2008, sept pour l'URSS puis huit pour la Géorgie. Elle a occupé le premier échiquier les 15 fois, même si Gaprindashvili lui a disputé la place jusqu'en 1994. Lors de ses dernières Olympiades, à l'âge de 47 ans en 2008, Chiburdanidze a mené la Géorgie à la victoire en remportant l'or avec un score de +6 =3 dans ses parties individuelles, dont une victoire contre la championne du monde en titre de l'époque, Kosteniuk. 

S'appuyant sur le succès de Chiburdanidze et Gaprindashvili, les échecs féminins en Géorgie sont assez forts. Cinq femmes GM en sont originaires malgré une population actuelle d'environ quatre millions d'habitants. La Géorgie compte plus de 30 femmes classées au-dessus de 2000 par la FIDE. Ce n'est que quatre de moins que les États-Unis, presque 100 fois plus grands, et plus de la moitié de moins que la Chine, 250 fois plus grande, qui sont pourtant tous deux des places fortes des échecs mondiaux ! La Chine compte d'ailleurs l'une des deux joueuses classées devant Chiburdanidze sur cette liste avec...

#2 GM Hou Yifan

Hou Yifan, 2018
Photo : Maria Emelianova/Chess.com

En tant que femme la plus forte (depuis que notre numéro 1 a pris sa retraite) de l'histoire des échecs, la GM Hou Yifan est proche du sommet de cette liste. En 2010, Hou, 16 ans, a battu le record de Chiburdanidze en devenant la plus jeune championne du monde. Deux ans auparavant, elle avait même dépassé Judit Polgar en devenant GM à 14 ans, faisant d'elle la plus jeune femme GM de tous les temps (un record qu'elle détient toujours actuellement). Hou a remporté le Championnat deux fois de plus, en 2013 et 2016, avant de se concentrer sur les tournois mixtes.

La prodige chinoise a rapidement signé un grand succès à Bienne en 2017, s'imposant avec 6,5 sur 9, avec une performance à 2810. Ses adversaires étaient pourtant de taille puisque concourraient un un champion du monde FIDE (Ruslan Ponomariov), un finaliste du Championnat du Monde classique (Peter Leko) et quatre autres super GM (joueurs dont le Elo culmine à plus de 2700). La même année, lors du Grenke Chess Classic, elle a battu Fabiano Caruana, qui allait disputer le championnat du monde un an plus tard.

À différents moments de sa carrière, Hou a décidé de faire une pause dans les échecs professionnels pour se concentrer sur ses études. Elle est devenue professeur à temps plein à l'Université de Shenzhen à l'âge de 26 ans. Cependant, Hou n'a pas entièrement quitté les échecs, disputant deux compétitions internationales par équipes en 2020, y compris la Coupe des Nations en ligne de Chess.com. De plus, les échecs jouent un rôle clé dans son professorat à l'Université de Shenzhen.

Hou a culminé à la 55e place mondiale sur la liste FIDE de mai 2015, tout proche de la position obtenue par Chiburdanidze, mais la joueuse chinoise a affronté une concurrence accrue ; Chiburdanidze a rarement, voire jamais, joué dans des tournois aussi forts que Bienne ou Grenke 2017. Malgré tout, la place de n°2 sur notre liste était peut-être la plus difficile à établir. Le choix de la numéro 1 était quant à lui une évidence.

#1 GM Judit Polgar

Judit Polgar
Photo : Peter Doggers/Chess.com

La GM Judit Polgar est la seule joueuse de cette liste qui n'est jamais devenue championne du monde, mais pour une bonne raison : elle n'a jamais essayé d'obtenir ce titre. Elle était tout simplement trop forte et privilégiait les compétions mixtes. Elle a par exemple gagné des parties contre Garry Kasparov et Magnus Carlsen quand ils étaient numéro un mondial. Polgar a même surclassé Bobby Fischer en terme de précocité en obtenant le titre de Grand Maître en 1991, devenant alors la plus jeune joueuse de l'histoire à atteindre ce statut.

Lorsque Polgar a 21 ans, le chroniqueur d'échecs du New York Times, le GM Robert Byrne, écrit : "Il n'y a aucun doute sur la plus grande joueuse de tous les temps." En janvier 1989, lorsque Polgar avait 12 ans, elle était déjà classée 55e mondiale avec 2555, tout proche du record de Chiburdanidze. En juillet 1993, Polgar a atteint un classement de 2635 et a rejoint le top 20 mondial, dépassant facilement le meilleur Elo de la joueuse géorgienne. Sur la liste FIDE de janvier 1996, Polgar était classé 10e, un exploit inimaginable auparavant. 

Polgar n'a fait qu'étoffer son CV par la suite. En janvier 2003, elle a rejoint le club des 2700 Elo et reste la seule femme à l'avoir fait. Au mois de janvier suivant, Polgar a atteint la huitième place mondiale et elle est restée dans le top 10 jusqu'en 2006. En 2005, Polgar était la femme la plus proche de devenir championne du monde d'échecs, faisant partie d'un groupe de huit joueurs en lice pour la couronne de la FIDE (remportée par Veselin Topalov).

Lorsque Polgar a pris sa retraite en 2014, elle était toujours la femme la mieux classée avec 2675. Hou la dépassera l'année suivante lorsqu'elle atteindra 2686. À ce moment-là, Polgar était la joueuse la mieux classée depuis un quart de siècle (1989), soit 26 ans. Compte tenu de tous ses accomplissements, il est presque impossible d'imaginer une autre joueuse que Judit Polgar au sommet de la hiérarchie. 

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Nathaniel Green is a staff writer for Chess.com who writes articles, player biographies, Titled Tuesday reports, video scripts, and more. He has been playing chess for about 30 years and resides near Washington, DC, USA.

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