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Isabelle Choko : La survivante de la Shoah devenue championne d'échecs
Isabelle Choko, bon pied bon œil !

Isabelle Choko : La survivante de la Shoah devenue championne d'échecs

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Laissez-moi vous conter l'histoire d'Isabelle Choko, une femme qui, après avoir traversé l'enfer, a su faire preuve de résilience et réussir une brillante carrière échiquéenne.

Survivante de la Shoah, durant laquelle elle a subit la famine, elle perd la plupart de ses proches à un très jeune âge. Pourtant, rien ne va l'empêcher de vivre sa passion pour les échecs. Faisant fi des stéréotypes de genre, elle ne se laissera jamais intimider par la domination des hommes sur les échecs, se riant de leurs quolibets et de leurs tentatives de déstabilisation.

En 1956, elle remporte le championnat de France féminin et figure en première page des journaux aux côtés de célébrités telles que Marilyn Monroe !

Isabelle Choko (née Izabela Galewska) nait à Łódź (Pologne) en 1928. Elle n'a que onze ans lorsqu'en 1939, les nazis envahissent son pays. Elle se retrouve parquée avec toute sa famille dans le Ghetto de Łódź. "La vie dans le ghetto était très difficile" explique-t-elle. Y règnent la faim, la maladie et la mort. Son père, affamé, n'y survivra pas.

En 1944, à la liquidation du ghetto, Isabelle et sa mère sont déportées et emprisonnées dans le tristement célèbre camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz-Birkenau. C'est un prisonnier français, voyant qu'Isabelle parlait un peu sa langue, qui la sauvera avant sa déportation grâce à un précieux conseil : "Fais attention, petite fille, fais bien attention. Tu vois, là-bas, ce sont les trains qui vont t'emmener à Auschwitz. Quand tu arriveras, à gauche, il y a la vie, à droite, c'est la mort." Isabelle et sa mère choisissent donc de sortir du train par la gauche.

Gare d'Auschwitz-Birkenau. “Quand tu arriveras, à gauche, il y a la vie, à droite, c'est la mort.” – Prisonnier français inconnu..

Durant l'évacuation d'Auschwitz, début 1945, Isabelle et sa mère sont déportées vers le camp de concentration de Bergen-Belsen. Affaiblie par la faim et la maladie, la mère d'Isabelle y trouvera la mort dans les bras de sa fille. Cette dernière n'a alors que seize ans.

Un camp de concentration nazi. 

Lorsque le camp de Bergen-Belsen est libéré par l'armée britannique, en avril 1945, Isabelle ne pèse que 25 kilos. Elle est si faible qu'elle peut à peine ouvrir les yeux. Elle est soignée à l'hopital britannique, où on la surnomme la jeune fille aux yeux bleus”. Malgré les horreurs de la guerre, ceux-ci n'ont rien perdu de leur beauté.

Une fois remise sur pied, elle part vivre en France avec son oncle. C'est là qu'elle rencontrera son futur mari, Arthur Choko, avec qui elle aura trois enfants. "J'ai beaucoup travaillé à mon arrivée en France." raconte-t-elle. Le jour où j'ai vu un jeu d'échecs, je me suis souvenu que j'avais appris les règles dans le ghetto. Sa passion pour le jeu va grandir rapidement. "J'ai commencé à jouer au sein d'un petit groupe où je n'étais qu'une joueuse comme les autres. Mais petit à petit, j'ai commencé à me faire remarquer." ajoute-t-elle.

Isabelle Choko en pleine partie dans les années 50.

“C'est là que j'ai rencontré Tartacover,” continue Isabelle, “qui voulait faire de moi une championne. Car le GMI Xavier Tartacover n'a pas pu manquer la grande détermination de la jeune femme et sa joie de vivre, malgré les épreuves traversées. Il lui dédicace l'un de ses livres avec ces mots encourageants :

“Pour madame Isabelle Choko, future championne d'échecs (“Vouloir, c’est pouvoir !”). Hommage de l'auteur, Xavier Tartacover. Paris, 10 février 1954.”

“Vouloir, c’est pouvoir !” Quel puissant message, et quelle inspiration pour la jeune Isabelle ! Tartacover va la guider et l'aider à devenir une forte joueuse d'échecs. Dès 1956, elle devient championne de France en catégorie féminine. Le grand-maître avait vu juste.

Isabelle Choko, championne d'échecs. 

Dans les années 50, les échecs sont un jeu majoritairement joué par les hommes. Les femmes y sont rares et restent vu comme des "curiosités". Isabelle subit les quolibets de ses pairs. "Qu'est-ce qu'elle fait là ?" peut-on entendre dans les salles de tournoi. "Quand ils me jouaient, les hommes aimaient aller se balader entre les coups. Mais quand ils revenaient, c'était échec et mat ! Et voilà, surprise ! Ils ont vite compris que les femmes aussi pouvaient jouer aux échecs !"

Isabelle Choko ne se laissait pas intimider par les hommes : “Quand ils me jouaient, les hommes aimaient aller se balader entre les coups. Mais quand ils revenaient, c'était échec et mat !”

Derniers mots

“Les échecs m'ont appris que dans la vie, il faut se battre pour gagner." conclue Isabelle. "C'est un jeu qui vous force à anticiper, à prévoir à l'avance." Son conseil pour la jeune génération ? "Soyez attentifs à votre environnement. Trouvez ce qui vous plaît dans la vie, et faites tout ce qui est en votre possible pour rendre votre vie et celle des autres intéressantes."

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