Comment se créer un répertoire d'ouverture ?
Se créer un répertoire d'ouverture peut être quelque chose de compliqué.
Que choisir ? Comment filtrer la multitude d'information que l'on a maintenant ?
C'est un challenge important et je vais essayer de vous guider pour que vous puissiez arriver à travailler par vous-même et vous en sortir.
Si vous vous intéressez aux échecs, vous ne pouvez pas faire l'impasse sur les ouvertures. Capablanca, le 3ème champion du monde de l'histoire, recommandait aux débutants de commencer l'analyse du jeu par les finales, mais il faut quand même certaines connaissances dans les débuts de partie pour survivre jusque-là !
Je pense qu'une bonne idée peut être de choisir une ouverture car l'un de vos joueur favori la joue, ou alors parce que vous avez pu être impressionné par une belle partie jouée dessus.
Une seule partie ne suffit pas à se faire un avis détaillé, et c'est alors que peut commencer une étude plus approfondie pour se faire son propre avis.
Et pour se faire, je pense qu'il est bon de regarder les parties anciennes (ou parties classiques) des meilleurs joueurs sur cette ouverture-là.
Comprendre les plans, les idées stratégiques et voir au final si l'on est toujours "fan" de cette ouverture !
Tout ce travail doit être fait bien en amont que l'apprentissage brut de la théorie. Ce n'est pas de la mémorisation au départ mais de la compréhension. Quelque part, comprendre c'est apprendre.
A titre d'exemple, j'ai choisi de prendre l'ouverture "Nimzowitsch-Larsen" c'est à dire 1.b3.
Un coup sans trop de réelle théorie à apprendre par cœur et qui va surtout plaire aux joueurs créatifs comme pouvaient justement l'être Aron Nimzowitsch ou Bent Larsen, les pères fondateurs de cette ouverture ou plus récemment Baadur Jobava ou Richard Rapport.
1.b3 est directement tiré de l'école hypermoderne des échecs. Les blancs ne jouent pas pour occuper directement le centre comme on le fait avec les coups 1.e4 ou 1.d4 mais vont développer le Fou de cases noires en fianchetto, en b2 où il contrôlera le centre et exercera son action.
Les noirs réagissent en général par 1...e5 ou 1...d5 et prennent le centre. Ils ont d'ailleurs plusieurs schémas possibles pour placer leurs pièces et leurs pions.
Mais aujourd'hui, je voudrai m'attarder sur un schéma de réponse logique auquel a été souvent confronté Nimzowitsch : Les noirs jouent avec d5 et c5 et prennent donc le contrôle du centre.
Regardons comment Nimzowitsch jouait contre ce schéma pour nous familiariser avec ces positions.
En général, Nimzowitsch commençait par 1.Cf3 puis jouait ensuite b3, ce qui transpose dans notre sujet d'étude
Voici la première partie que je voulais vous montrer :
Les premiers points marquants :
- Les blancs se développent avec b3-Fb2, Cf3, e3, Fb5
- Les blancs n'hésitent pas à échanger leur Fou de cases blanches en c6 pour gagner le contrôle de la case e5
- Les blancs obtiennent de bonnes perspectives d'attaque à l'aile roi.
- L'apparition des fous de couleurs opposées favorise plutôt les blancs
Une autre partie contre un adversaire prestigieux vient en écho direct à cette première partie !
Les leçons de cette partie :
- Les blancs peuvent renforcer leurs chances d'attaque en jouant f4
- Attention à la faiblesse de la première rangée lorsque les Tours la quittent !
Nimzowitsch remporta une autre partie dans le même style contre Friedrisch Saëmisch quelques années plus tard. Toujours la même recette !
Puisque nous étudions les schémas d'attaque avec le Fou en fianchetto en b2 couplé à la poussée f4, je me sens dans l'obligation de montrer la célèbre partie d'Emmanuel Lasker avec le double sacrifice de fous !
Regardons maintenant ce qu'il arrive si les noirs laissent les blancs leur doubler les pions en c6 :
Les leçons de cette partie :
- Si les noirs le permettent, les blancs prennent volontiers en c6 afin de doubler les pions
- Le pion c5 se retrouve faible et en général les blancs jouent avec Cc3-Ca4
En complément à cet article, voici une vidéo d'une belle victoire de Nimzowitsch contre Stefano Rosselli del Turco :
Nous voilà maintenant armés pour répondre au setup d5 + c5 chez les noirs ! On connaît notre plan.
Il ne reste plus qu'à en faire de même sur les autres schémas de développement ( e5 et d5 par exemple), puis et apprendre un peu plus en détail la théorie et les ordres de coups et l'on sera fin prêts pour tester 1.b3 !