Aurez-vous l'audace de jouer cette variante ?
En août, j'ai écrit un article sur la défense est-indienne qui s'appuyait sur une partie jouée par le membre de Chess.com IvnKaramazov.
Le voilà de retour avec une autre partie partie très intéressante dans l'est-indienne. Je ne l'ai pas annoté car notre principale centre d’intérêt sera aujourd'hui la variante des quatre pions. Mais j'ai choisi de l'insérer dans cet article, car je pense que tout le monde l'appréciera.
Quelle partie !
N'est-il pas étrange que les blancs (quelque soit leur niveau, et ce même chez les GMI) se fassent si souvent dominer dans l'est-indienne ? C'est comme si, dès le début, le conducteur des blancs était l’agresseur. Si comme moi, vous jouez 1.d4, et que vous avez essuyé trop de revers face à l'est-indienne, il est temps d'essayer la variante des quatre pions.
Le membre de Chess.com Addu-Chess m'a posé la question suivante : “La variante des quatre pions de l'est-indienne n'est-elle plus considérée comme dangereuse ?”
SILMAN : Cher Addu-Chess, il s'avère en réalité que la variante des quatre pions est très dangereuse et très intéressante, et les noirs doivent l'avoir largement étudié pour en venir à bout. Si les deux camps connaissent bien les idées de l'ouverture, ils se retrouvent souvent très vite en situation d'égalité dynamique.
N'oubliez-pas que les amateurs (et même les grand-maîtres !) sont régulièrement victimes des formidables attaques noires dans l'est-indienne (comme nous l'avons vu dans la partie de IvnKaramazov). Pourquoi donc ne pas jouer cette ligne ultra-agressive qui donne beaucoup de jeu aux blancs aussi ?
Il fut un temps où la variante des quatre pions était une attaque redoutée, et l'un de ses principaux chantres était le GMI Arthur Bisguier.
Bisguier à l'US Open 1964, à Boston. Photo : Beth Cassidy.
Le voici pourfendant le jeune Bobby Fischer :
Dans son excellent ouvrage sur l'ouverture, Bologan présente la variante des quatre pions par ces mots : "Dans la pratique moderne, on rencontre relativement rarement la variante des quatre pions, mais le conducteur des noirs doit absolument connaître les idées principales et régulièrement se mettre à jour, sinon, face à un joueur blanc bien préparé, il risque de ne pas survivre à l'ouverture."
Imaginez maintenant un 1400, 1600, 1800, ou même un 2000 essayer de se sortir indemne de cette attaque sans bien la connaître ! Face à des blancs bien préparés, l'échiquier va vite se transformer en mare de sang.
Mais regardons plutôt :
Après 9.cxd5, les noirs peuvent jouer 9...Fg4, 9...Cbd7, et 9...Te8.
Voici quelques lignes dans la variante des quatre pions
6…Ca6
6…c5
Comme vous avez pu le constater, la variante des quatre pions est très aiguë et donne des chances aux deux camps. Si vous n'aimez pas ce genre d'incertitude, je vous conseille d'éviter la majeure partie des variantes de l'est-indienne (comme vous avez pu le voir dans la partie d'IvnKaramazov !).
En fin de compte, il faut surtout jouer des ouvertures dans lesquels vous vous sentez bien, des ouvertures que vous comprenez, et surtout sur lesquels vous pouvez compter.
La variante des quatre pions n'est certainement pas pour tout le monde, mais vous si vous avez une bonne mémoire, des compétences tactiques et des nerfs d'acier, elle pourrait l'ouverture qu'il vous faut !