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5 histoires amusantes de mat du couloir

5 histoires amusantes de mat du couloir

Gserper
| 87 | Tactique

Les échecs de compétition sont une activité très exigeante. Elle demande aux joueurs de garder constamment leur niveau de concentration, de calme sous la pression et de faire preuve de créativité tout au long du combat. Sans surprise, chaque partie a sa propre histoire et je suis convaincu que certaines n'ont rien à envier aux plus gros blockbusters hollywoodiens. 

Je vous ai concocté un florilège de parties qui ont pour point commun le même final : un douloureux mat du couloir. Ainsi, nos membres les moins expérimentés se familiariseront avec l'un des mats les plus courants aux échecs.


Introduction

Avant de commencer, laissez-moi vous montrer la partie la plus célèbre illustrant ce fameux mat du couloir :

Comme vous le savez sûrement, le schéma de base de mat du couloir ressemble à ceci :

Vous avez dit filouterie ?

Tout d'abord, essayez de trouver le coup décisif qui a forcé un abandon instantané :

Ce n'est pas une combinaison très difficile pour un Grand Maître, alors comment le MI Vladas Mikenas, excellent tacticien ayant déjà surclassé le grand Alekhine, a-t-il pu manquer cette pointe ? David Bronstein a consacré un article entier à ce sujet, publié dans le magazine Chess In The Soviet Union avec un titre révélateur "Hocus Pocus" (traduisible par "abracadabra" ou encore tour de passe-passe). Bronstein, surnommé "Tricky David" (David le rusé), y dévoile une intrigue surprenante tournant autour de l'innocente commande d'une tasse de café.

Résumer l'histoire de Bronstein en quelques mots revient à décrire la Joconde à une personne qui n'a jamais vu le tableau. Il enseigne en effet dans son article comment "tromper son adversaire sur l'échiquier par des moyens légaux", ce qui mériterait certainement un post à part entière. Soyez assuré pourtant qu'un gentleman des échecs tel que Bronstein ne s'abaisserait jamais à recourir à des moyens peu éthiques pour parvenir à ses fins.

J'aime particulièrement la fin de l'histoire. Pendant que Bronstein "réfléchissait" au coup de grâce (bien sûr vu bien à l'avance), Mikenas se promenait dans l'aire de jeu, où il a rencontré le GM Mark Taimanov, qui ne jouait pas ce jour-là. "Regardez comment ma position est excellente !" lui dit Mikenas. "Mais...mais...et si tour prend a3 ?" a rétorqué Taimanov. Mikenas a immédiatement compris ce qui allait se passer, mais il était déjà trop tard, la sentence était tombée !

 

L'absence mystère

Voici à présent une jolie combinaison du champion du monde :

La position finale de la partie présente le classique mat du couloir, mais revenons un peu en arrière. Pourquoi les blancs ont-ils joué 34.Dxh6 ?? au lieu du simple 34.Dg3, qui aurait empêché le mat ? La version selon laquelle les blancs ont simplement manqué le coup gagnant 34...De1+ est très peu probable puisque Andreas Moen avait un classement FIDE proche de 2400 et je pense que même un joueur à 1400 verrait ce qui se passe. Mais supposons une seconde qu'il a eu un aveuglement, un moment d'absence, appelez ça comme vous voulez. Pouvait-il vraiment imaginer qu'un champion du monde lui donnerait un fou gratuitement ? N'était-ce pas un énorme signal d'alarme ? C'est un mystère resté irrésolu à ce jour.

L'histoire triste

Voici une belle inspiration de Bobby Fischer :

Le GM Oscar Panno n'étant pas venu jouer contre Fischer le jour suivant, cette joute contre le GM Svetozar Gligoric fut la dernière partie de tournoi classique disputée par le génie américain. Pour une raison quelconque, chaque fois que je vois cette partie, je me souviens des mots de la vieille Rose Dewit Bukater : "Le Titanic s'appelait le bateau des rêves, et il l'était. Il l'était *vraiment*..."

Tremblement de terre

Un tournoi récent a été le théâtre d'une erreur très inhabituelle de Magnus Carlsen :

Si la gaffe du champion du monde était vraiment choquante, sa réaction fut tout à fait compréhensible. Vous pouvez la voir ici ou ci-dessous :

Mauvais perdant

Comme vous pouvez le voir, même les meilleurs joueurs finiront toujours par perdront contre "le temps qui passe". Dans ses jeunes années, le GM Viktor Korchnoi aurait joué 27. Tf8! même dans un blitz, mais à 75 ans il a juste donné son fou. Par contre, même dans ses vieux jours, Korchnoi n'a pas perdu son inimitable capacité à insulter les gens.

Voici ce que la GM Irina Krush a écrit sur son blog : "Sa première réaction a été : "Je pouvais avoir deux pions de plus !", puis il suggérait un coup et s'éloignait, pour revenir une minute plus tard, et tout cela entrecoupé d'insultes telles que : "C'est bien de connaître la théorie, mais vous devriez aussi apprendre à jouer aux échecs". Finalement, cela s'est terminé de la sorte : il a proposé un coup, et Elisabeth [WGM Paehtz] a suggéré une alternative (plus forte), les deux coups étaient assez simples, rien de spécial. Il a donc conclu avec l'élégance qui le caractérisait, à propos de la suggestion d'Elisabeth : "Non, ce coup est trop bon pour elle".

J'espère, mes chers lecteurs, que vous avez apprécié ces histoires et surtout que vous ne manquerez jamais les combinaisons de mat du couloir dans vos propres parties !

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